Compagne mondiale de sensibilisation à la maladie Compagne mondiale de Gougerot-Sjögren

لينا بريس

A l’occasion de la compagne internationale organisée par l’association internationale de Gougerot-Sjogren « International Sjögren’s Network (ISN) » tout au long de ce mois d’avril, l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), également membre de ce réseau  se joint à la communauté internationale pour sensibiliser à cette maladie qui se caractérise par une sécheresse de la bouche et des yeux notamment. Elle touche environ 0.2 % de la population, et à 90 %  des femmes.

 Une origine auto-immune

Cette affection fait partie des maladies auto-immunes dont la cause provient d’un dysfonctionnement du système immunitaire : les cellules spécialisées de ce système comme les lymphocytes, et des substances (les anticorps) sont en effet censées normalement protéger nos organes, tissus et cellules des agressions extérieures provenant de différents virus, bactéries, champignons… Pour des raisons encore non élucidés complètement, ces éléments se trompent d’ennemi lors d’une maladie auto-immune et se mettent à attaquer nos propres organes et cellules. Ces anticorps devenus nos ennemis s’appellent alors « auto-anticorps ».

Des manifestations aux conséquences potentiellement graves

Le Gougerot-Sjögren résulte d’une inflammation des glandes lacrymales et salivaires ainsi que d’autres glandes de la peau, de l’estomac ou du pancréas. Elle est susceptible d’affecter d’autres organes comme les articulations, le foie, les poumons, les reins et le système nerveux. Elle provoque des atteintes cancéreuses, les lymphomes, dans 8% des cas, ainsi qu’une possibilité d’altération du cœur du foetus en cas de grossesse.

La sécheresse des yeux se manifeste par une rougeur et un inconfort avec parfois difficulté d’ouverture spontanée des yeux au réveil le matin et possibilité de gonflement des glandes lacrymales et d’ulcérations de la cornée. L’insuffisance de la salive donne des troubles de la mastication et de la déglutition avec des douleurs buccales, surtout la nuit, et le développement de mycoses et de caries dentaires. Ces phénomènes de sécheresse peuvent aussi toucher les autres muqueuses et la peau avec un prurit et  une éruption cutanée ; en cas de  sécheresse de la gorge et des bronches, on aura une toux, une difficulté à avaler traduit  une sécheresse du pharynx et des démangeaisons  la sécheresse vaginale chez les femmes affectées par la maladie.

 Une fatigue intense est fréquente. On peut observer en outre un changement de couleur des doigts (blanchissement) appelé « syndrome de Raynaud », des douleurs et inflammations des articulations et des muscles…

La sécheresse de la bouche et des yeux n’est pas exclusive à la maladie de Gougerot-Sjogren, et il faut des examens cliniques et biologiques pour la confirmer. Ces sécheresses peuvent en effet découler aussi de la prise de certains médicaments, de l’avancement dans l’âge, de radiothérapie faite au niveau de la région de la tète et du cou, ou à la suite d’infections virales par l’hépatite C ou le virus du SIDA.

Des traitements pour contrôler l’évolution de la maladie

Il n’existe pas de traitement radical de la maladie, mais la sécheresse des yeux peut être contrôlée à l’aide de substituts de larmes, tout en évitant les expositions au vent, à la vapeur et à la climatisation. On peut aussi réduire la sécheresse de la bouche grâce à l’emploi de salives artificielles et le maintien d’une bonne hygiène buccale, car les bactéries se multiplient davantage dans une bouche sèche. Les dentifrices blanchissants sont à éviter car ils aggravent la sécheresse de la bouche. L’inflammation de certains organes nécessite le recours à la cortisone et / ou à des immunosuppresseurs (qui réduisent l’hyperactivité pathologique du système immunitaire).

Dans les cas les plus graves, on utilise les biothérapies. Ce sont un ensemble de thérapeutiques produites à l’aide de méthodes biotechnologiques et reposant sur l’emploi d’organismes vivants (tissus, cellules, certains microbes). Elles s’opposent ainsi aux médicaments traditionnels obtenus par synthèse chimique. En ciblant spécifiquement une molécule ou une cellule clé intervenant dans le processus de la maladie, les thérapies immunologiques ont révolutionné le traitement des maladies auto-immunes. Leur champ d’application est d’ores et déjà large et, dans un avenir proche, leur utilisation thérapeutique sera prédominante. Le seul problème, et il est de taille, est que ces nouvelles molécules sont d’un coût élevé : 60 000 dhirams au minimum pour un traitement.

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